les lundi et mardi toute la journée, mon atelier d’artiste, à Montpellier, est ouvert.
06 82 39 37 26 / yzac.adeline@gmail.com
Depuis quinze ans, des personnes viennent écrire. Je reçois plutôt individuellement (1 personne/1h30). Je propose que chacun s’engage sur une « saison » de dix semaines – renouvelable.
L’écriture se déploie pour chacun selon là où il en est. Les uns écrivent dans la semaine et viennent avec leur écrit ; d’autres écrivent ou réécrivent sur place. C’est au un par un.
Le chantier se déroule en trois temps majeurs : écriture et/ou réécriture ; lecture ; conversation. Je propose des conversations autour des textes, conversations d’ordre littéraire afin que chacun se soutienne et s’oriente.
Le travail est étayé par des textes d’auteurs.
Pourquoi chantier d’écritures et non pas atelier d’écriture ?
J’ai depuis longtemps abandonné « l’animation d’ateliers d’écriture ». Dans l’atelier, l’animateur donne des consignes afin que les écrivants créent un texte qui sera lu – ou pas – à voix haute et dont on dira – ou pas – quelque chose. Le chantier d’écritures est un pousse-à-écrire, les écrivants sont à la tâche sur leur projet comme l’écrivaine l’est sur le sien. Ça travaille au corps, ça ne laisse pas tranquille. La réécriture pousse à l’écriture et à une lecture incessante des écrits. Dans l’atelier d’écriture, l’on recouvre la page blanche, on travaille per via di porre, comme le dit Leonard de Vinci du peintre, en déposant des mots là où il n’y en avait pas. Sur le chantier, l’on dépose, puis l’on revient sur le texte, par la lecture on épure le trop qui recouvre l’écrit, en masque la forme, comme le sculpteur vient révéler la statue cachée dans la pierre. C’est un travail per via di levare. Ce qui pousse aux gestes d’ajouter/remplacer et de déplacer. Un des mille travaux qu’accomplit l’écrivaine qui ne cesse d’être à l’acte littéraire.
Autre réalité implacable de l’écriture, le temps. La particularité majeure qui différencie l’atelier d’écriture du chantier est bien que le chantier d’écritures ne se passe pas « tuto, cito, iucunde », c’est-à-dire, sûrement, rapidement, agréablement.
Entrer en écriture, c’est quitter l’aire rapide des temps contemporains et s’isoler dans la lente et patiente marche du manuscrit.
Dans De la psychanalyse sauvage, Freud écrit à propos de la technique psychanalytique, «Aujourd’hui encore, cette technique ne peut pas être apprise dans les livres et assurément elle ne peut même être trouvée qu’au prix de grands sacrifices de temps, d’efforts et de succès. On l’apprend (…) auprès de ceux qui la maîtrisent déjà ». Le propos convient tout à fait au travail de l’écriture lorsque l’on veut en dire quelque chose à d’autres qui demandent.
Quelques mots de plus
Si l’écrivaine sait quelque chose, c’est bien l’aléatoire, la fragilité, l’irréalisable retour, l’impossible « reprint ». Écrire, c’est s’arc-bouter à l’improbable, c’est la course permanente après ce qui ne s’écrit pas mais que l’écrivaine s’entend appelée à écrire, croyant ferme que c’est là, à portée de main ; et c’est bien là, la foi de l’écrivaine n’est pas que folle présomption, c’est là, tout près, ça va advenir, éblouir, mettre un point final au marathon.
Et ça n’en finit jamais, ça se débine, ça n’arrive pas. Alors l’écrivaine reprend sa course de forcenée et d’illuminée. C’est là le peu de savoir qu’elle a appris, ce baluchon suffit à la jeter sur les routes de la langue ou à l’eau du langage articulé.
Le chantier d’écritures : il s’agit d’actes et de gestes singuliers, de pièces uniques, de surcroît faites à la main, à la main qui écrit. Il s’agit de créations émergées de lieux eux-mêmes incertains en chacun, des « arrière-boutiques » dont parlait Montaigne.
L’écrivaine sur le chantier d’écritures ne tire de ce qui se déploie pour chacun aucune conception pédagogique, le chantier n’offre en rien un ensemble de mesures actives, il n’y a pas de « chantier-type », pas de correction, pas de conseil.
Une qui est là.