Bienvenue
Dans le pas à pas des jours, je n’ai de cesse de retourner la vieille langue. Quand ce n’est pas elle qui me retourne. Du terreau remontent des essaims de mots menus qui embrasent une poignée de phrases balbutiantes. J’ai toujours eu cette ferveur des collections de mots, mes carnets et mes manuscrits en gardent la trace. Le mot est texte, histoire, évocation et résonances, appel de son contraire, appeau qui en attire d’autres, tesson perdu qui happelle un texte latent, en attente – avec l’impatience d’un vent fou qui veut jeter son souffle et son trouble sur la page.
On voit vite tomber une volée d’étourneaux : un début de roman, une nouvelle, un poème… je ne choisis pas.
C’est tendu entre ce qui s’arc-boute au-dedans, ce qui tangue ou s’ébroue et la langue. Celle-là, je la désire brève, raréfiée, tamisée, et elle paraît à sa guise. Autrement. Pas bien alignée sur la page, pas tirée au cordeau, encombrée d’herbes sauvages, toute mal fagotée. Il faut sans cesse revenir au travail. Anne Cauquelin dit du jardin qu’il « répond à une loi qui le met à part dans les productions humaines : celle de l’anentropie, ce travail incessant de reconstruction, de rapiècement, de rétablissement patient à partir de restes. »
Écrire, c’est ce grand geste d’effort.
Je vous invite à déambuler.
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